Il aura fallu une licence exorbitante pour voir le rêve des anciens se concrétiser : Mario & Sonic
réunis cote à cote, sur la même jaquette, en vue de la compétition
ultime qui les départagera enfin. Les Jeux Olympiques de Pékin en point
de mire, la charge de la promo revient donc à un plombier et un
hérisson. Derrière l'habile montage marketing, la qualité est-elle pour
autant au rendez-vous ?
Mario & Nikos ?Accueilli par un
speaker au phrasé inimitable (malgré nos tentatives), le joueur aura tôt fait de fouler la piste avec l'option
Match Simple, pour prendre part à l'épreuve de son choix. Seize personnages sont disponibles de base, huit de la maison Mario, huit du zoo Sonic, avec les incontournables, bien sûr, mais aussi quelques surprises, comme Vector de
Chaotixou dans une moindre mesure Waluigi. Tous ont des caractéristiques bien
précises, Vitesse, Endurance, Puissance et Habileté (Adresse) qui
peuvent vraiment faire la différence en fonction de l'épreuve.
N'espérez pas exploser le temps du 4x100m en prenant Bowser ou Wario
dans votre relais, par exemple ; les gros se destinent davantage au
lancer du marteau ou à l'aviron. Secondaire en apparence, ce choix
trouve un sens au moment de se lancer sur le Circuit, le mode principal
du jeu, qui regroupe les épreuves par séries avec un classement à
l'arrivée, un peu comme Mario Kart
et ses courses. Le type de nage peut, par exemple, entrer en
considération si un 100m nage libre est au programme. A contrario, le
joueur peut choisir de tout miser sur une épreuve en particulier grâce
au système d'étoiles, un bonus limité qui permet de doubler les points
au classement à condition de finir dans les trois premiers (sinon zéro).
C'est la loi de ce genre de jeux, mais la sélection et la qualité des
épreuves peuvent varier en deux minutes du très bon au bien naze. Pour
une partie de trampoline sympa ou de l'aviron bien ficelé, il faut
aussi s'infliger du tennis de table ringard ou de l'escrime en carton.
C'est ainsi. Disons que l'ensemble se tient, genre très correct, malgré
les similitudes vite repérées entre des disciplines jumelles.
Nombreuses sont les épreuves qui mélangent sprint et timing, facilement
une dizaine, du 110m haies au 100m nage libre, pour gérer le
franchissement des haies ou la respiration, en passant par le saut en
hauteur et la perche, au fonctionnement semblable ; seule l'inclinaison
de la
Wiimotesur l'appel diffère. Pas étonnant, après tout, mais on comprendrait que
certains joueurs s'agacent de reproduire trop souvent les mêmes
mouvements.
Mario & Sonic réserve pourtant de nombreuses
épreuves bien pensées. Pour l'aviron, par exemple, il faut d'abord
valider une combinaison de deux boutons avant de pousser comme un seul
homme, en ramenant les manettes à soi, un enchaînement assez technique
qui reproduit assez bien la fréquence et la violence des mouvements du
rameur. Pareil, le relais 4x100m assure, avec ses passages de témoin à
bien exécuter pour ne pas perdre de précieuses secondes. Dans de
nombreux cas, le jeu verrouille la vitesse pour aider à se concentrer
sur l'appel ou le relais, choix judicieux qui évite de trop se
fatiguer. Car il faut bien le reconnaître, l'effort physique est réel,
intense, et beaucoup plus soutenu que dans un
Wii Sports,
par exemple. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si le jeu vous invite
régulièrement à respecter des pauses après avoir enchaîné plusieurs
épreuves.
La course ou la WiiHeureusement, toutes les disciplines ne reposent pas uniquement sur un va-et-vient bourrin de
Wiimote,
y compris en athlé. Même si les avant-bras sont encore sollicités, le
400m la joue un peu plus subtile, puisqu'il demande surtout de
maintenir un rythme soutenu sans trop puiser dans les réserves, sans
quoi votre coureur risque de manquer de souffle. Une gestion de course
un peu osée peut se révéler pénalisante au moment d'aborder le sprint
final. On retrouve aussi du
QTE déguisé (trampoline) ou des
tricks à la
Wiimote(saut à cheval) pour manipuler un peu plus délicatement sa manette. Les
épreuves d'adresse, tir à l'arc et au pigeon, reposent quant à elles
sur une utilisation du pointeur, en se montrant heureusement un peu
plus subtiles qu'un bon vieux
Wii Play.
Le tir au pigeon, par exemple. Baladé de stand en stand, le joueur doit
d'abord viser un petit curseur bien au centre, un indicateur de
concentration en fait, qui déterminera le diamètre de tolérance de la
cible au moment de s'attaquer aux pigeons d'argile. Ce n'est pas ça qui
garantit un
Perfect, étant donné la vitesse parfois
hallucinante des assiettes et le nombre limité de cartouches, mais
c'est un paramètre assez bien pensé pour dynamiser le jeu et le rendre
un peu plus passionnant. Le tir à l'arc nous a paru un peu plus sujet à
discussion, le temps de piger que le vent influençait énormément la
trajectoire, et donc l'endroit à viser en alignant les pointeurs du duo
Wiimote /
Nunchuk. Même sans ça, les déplacements du
Nunchuk suivant son inclinaison se montrent un peu trop imprécis pour être pleinement satisfaisants.
En fait, les seuls vrais ratages concernent essentiellement toutes les épreuves qui demandent de doser les soulevés de
Wiimote,
du saut en longueur au triple saut, en passant par le javelot.
L'indicateur n'est pas précis, et le résultat, hasardeux, varie
tellement en fonction du dosage qu'on finit par la jouer un peu à
l'instinct. L'escrime offrait, elle, une bonne occasion de tester un
peu la reconnaissance de mouvements, mais les parades exigent un
mouvement si peu naturel (bouton + relevé de
Wiimote)
qu'on finit par céder au bourrinage quand il s'agit d'affronter l'ordi,
pas bien malin. La situation s'arrange un peu face à un adversaire
humain, mais on est quand même bien loin de jubiler. La prime de la
blague revient pourtant au ping-pong, haut la main. Il ne s'agit même
pas de comparer à
Table Tennis,
juste de constater l'imprécision des mouvements, le rythme laborieux de
l'épreuve (deux tours obligatoires en Circuit), et le timing souvent
flou pour croiser ou décroiser la balle. Le tennis de table retrouve
cependant un semblant d'intérêt avec les coups spéciaux du mode
Rêve, une manière de sortir un peu du cadre jeu à licence pour offrir des bonus et des escroqueries en tout genre, comme dans un Mario Kart.
C'est d'ailleurs la seule des quatre épreuves-rêve à vraiment gagner en
intérêt, à l'inverse par exemple de l'escrime ou du 100m, un peu bof.
Que tout ce pinaillage ne vous détourne pas de l'essentiel. Seul, et surtout à plusieurs,
Mario & Sonic aux Jeux Olympiquess'avère être un excellent divertissement, auquel on reviendra assez
souvent à condition de réunir du monde à la maison. Bien sûr, certains
records tombent à une vitesse folle ; 2,60m à la hauteur et 6,30m à la
perche du premier coup, c'est Sotomayor et Bubka qui rentrent à la
niche aussi sec. D'un autre côté, le mode Expert réserve un défi
suffisamment corsé pour empêcher pendant quelque temps de débloquer les
ultimes épreuves. Pour les acharnés, il y a aussi les Missions à
objectifs qui réservent un challenge supplémentaire, et font grimper un
peu artificiellement la durée de vie, avec huit missions par
personnage. Et puis la vraie compétition débute une fois en ligne, avec
le classement des scores par épreuve, même si on aurait évidemment
préféré pouvoir affronter ses amis avec un mode
online digne de ce nom. Deux mots sur la réalisation en guise de conclusion, pas plus, puisqu'on reste dans la lignée des jeux Mario
habituels, avec les mêmes modèles rondouillards bien calibrés par le
cahier des charges. Pas la peine d'attendre des miracles, vous
n'échapperez pas aux habituels thèmes musicaux et aux petits
couinements distinctifs. Encore heureux quand on s'appelle
Mario & Sonic.
6/10 Mario & Sonic aux Jeux Olympiquesne révolutionne sans doute pas la formule des mini-jeux à la carte,
mais on s'y marre bien, surtout à plusieurs. L'essentiel est donc
assuré, pour peu qu'il vous reste encore un peu de force dans les
avant-bras, car la dépense physique est à la hauteur de l'événement.
Bien sûr, il y a du bon et du moins bon parmi les vingt épreuves
réunies, et beaucoup d'entre elles reposent sur un principe souvent
similaire. C'est d'ailleurs pour cette raison que la durée de vie
n'atteint pas des sommets, et qu'il faut surtout y voir un
party game à base de mini-jeux plutôt qu'un vrai jeu de sport, une sorte d'alternative à
Wii Sportsen plus complet. Mais en terme d'habillage (réalisation, thèmes
musicaux) comme de contenu (modes variés, records en ligne),
l'entreprise mérite le détour, quitte à guetter une petite baisse de
prix.
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